Et s’il ne faut pas donner à Dieu seulement la première place dans sa vie!

Et s’il ne faut pas donner à Dieu seulement la première place dans sa vie!
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Cette question aux yeux d’un bon nombre de croyants ne se pose pas, car selon eux c’est évident qu’on doit donner la première place à Dieu dans notre vie. Comment ne pas donner la première place à Dieu le Père créateur du ciel et de la terre, qui a fait de nous des créatures sublimes à son image et selon sa ressemblance ? Comment ne pas donner la première place au Christ notre frère, qui par amour pour nous et pour notre salut prit chair et souffrit sa passion jusqu’à la mort ? Comment ne pas donner la première place au Saint-Esprit notre défenseur et guide, qui nous accompagne et veille sur nous ?

Pour moi, il ne faut aucunement donner à Dieu la première place dans sa vie. Je m’oppose radicalement à cela. Je veux d’ores-et-déjà te rassurer je ne suis ni athée[1], encore moins gnostique[2] mais je suis bel et bien un croyant, un chrétien ! Alors comment peut-on expliquer une telle position de la part d’un chrétien ? Marchons ensemble…

Je pense que le désir pour nous chrétien de chercher inlassablement au quotidien à donner à Dieu la première place dans notre vie est l’une des causes qui justifient la difficulté que nous avons à témoigner de notre relation amoureuse avec le Christ, de cette amour immense que nous recevons de lui. Imagines-toi un instant un véhicule de dix-neuf places numérotée de 1 à 19. Si tu donnes dans cette voiture la première place à quelqu’un tu es d’avis avec moi qu’il ne peut être à la fois à la première place et à toutes les autres places.

Quelqu’un me faisait observer un jour que la vie de chaque homme est comme une grande maison avec beaucoup de pièces, et il continuait en disant, on a l’impression que beaucoup de croyants ont invité Dieu dans leur vie qui est constituée de différentes pièces et lui ont dit, Monsieur tu t’assois là, tu peux entrer ici, ici et ici… tu n’entres pas là, là et là. Et c’est la même chose qui se produit lorsque nous donnons à Dieu la première place dans notre vie. Nous nous efforçons pour avoir la bonne conscience de remplir notre devoir de chrétien : aller à l’Église, s’engager dans un groupe ou à la CEB ou CEV  (pour certains), payer le dernier de culte, lancer la quête, etc. ; pour ainsi nous convaincre que nous réservons une bonne part de notre temps à Dieu. Mettons-nous d’accord tout cela n’est pas mauvais c’est même admirable. Mais une question : « Dieu a-t-il besoin de la meilleure part de notre vie ou de toute notre vie ? »

D’après toi qu’est-ce qui peut expliquer cette division qu’il y a entre notre vie telle qu’elle se déploie dans le milieu ecclésial et telle qu’elle se déploie dans les autres sphères ? Il est vrai que nous sommes des êtres divisés, blessés et écarteler mais je pense que l’une des raisons pourrait être le fait que nous nous efforcions à donner la première place à Dieu dans notre vie.

Comment comprendre que le Luc très bon lecteur à l’église est un violent et arrogant  joueur de football ? Comment comprendre que ma Magnie qui chante merveilleusement bien à la chorale et aide l’assemblée à prier est la même qui fausse les balances et sabote ses concurrentes ? Comment comprendre que Mr Atangana le gentil président du conseil économique, très aimable qui soutient le clergé et les jeunes de la paroisse est paradoxalement un époux et un père absent et amer ? Comment comprendre que Mme Ngoh catéchiste très dévouée refuse de payer à ses employés ce qu’ils méritent ? Comment comprendre que la petite Agate servante d’autel toujours disponible et ponctuelle soit étrangement une tricheuse et une enfant désobéissante ? Je pense à mon sens que l’une des raisons serait que nous nous efforçons de donner à Dieu la première place de notre vie et par conséquent nous le bloquons dans certains espaces (l’église à l’occurrence) et l’empêchons de pénétrer toutes les dimensions de notre vie.

Si je suis contre le fait de donner à Dieu la première place de notre vie, je suis par contre pour le fait de donner à Dieu « l’unique place » de notre vie à Dieu. Qu’est-ce que cela signifie ? Notre vie n’a pas plusieurs places à mon sens mais elle a une seule place ; et il est question de donner à Dieu cette unique place. Lorsqu’on donne à Dieu l’unique place de notre vie, il n’y a plus à côté le Luc lecteur et à côté le Luc footballeur ; il n’y a plus ma Magnie la choriste et ma Magnie la commerçante, il n’y a plus Mr Atangana le président du conseil économique et Mr Atangana le père de famille et l’époux ; il n’y a plus Mme Ngoh catéchiste et Mme Ngoh chef d’entreprise ; il n’y a plus Agate la servante d’autel et Agate l’écolière ou l’enfant à la maison. Non ! Tout cela ne forme qu’un parce que lorsque je dépose, lorsque je remets l’unique place de ma vie à Dieu, je le laisse pénétrer dans toutes les dimensions de ma vie.

Personnellement, je suis contre cette division qui veut que nous avons distinctement la vie spirituelle, la vie professionnelle, la vie académique, la vie familiale, la vie sociale, etc. La vie spirituelle n’est pas à mon sens une dimension de la vie à côté des autres. La vie spirituelle c’est le tout. La vie spirituelle s’exprime aussi bien à l’église que dans la famille, aussi bien au travail qu’à l’école, dans nos milieux associatifs qu’à la messe, etc. Par conséquent je dois aussi bien adorer le Christ dans le saint sacrement qu’adorer le Christ dans mon épouse, dans mon époux, dans mes enfants, dans mes parents. Je dois aussi bien laisser la Parole de Dieu ou un bel enseignement m’embraser le cœur que laisser aussi le cri du pauvre m’embraser le cœur.

Je dois aussi bien chanter le Christ avec ferveur mais je dois surtout servir mes clients avec honnêteté et amabilité. Le chrétien comme le faisait remarquer saint Guido Maria Conforti est celui qui cherche, voit et aime Dieu en tout et en tous. Lorsqu’on a fait chers frères et sœurs, l’expérience de la rencontre amoureuse de Dieu, il embrase toute l’espace de notre vie. Alors, on n’est plus comme de ceux-là qui disent ici tu peux entrer mais là tu n’entres pas… Mais on est capable même en allant au bar prendre une bière avec un ami d’inviter Jésus au bar ; même sur un stade de football on invite Jésus ; lorsque je vends au marché je suis conscient de vendre avec Jésus ; je laisse Jésus pénétrer même dans les zones sombres de ma vie… Le chrétien c’est celui qui fait de ses actes, de sa vie une prière parce que offrande à Dieu.

Il est important pour nous de reconsidérer notre rapport à Dieu : Ai-je donné à Dieu la première place dans ma vie en l’empêchant de pénétrer dans certaines dimensions de ma vie ? Ou suis-je disposé à donner à Dieu l’unique place de ma vie afin qu’il embrase toute ma vie.

Je termine cette réflexion avec cette histoire que m’avait reporté un prêtre lors d’une homélie. C’est l’histoire d’une dame très engagée à l’église, très dévouée toujours prompte à servir le clergé, les paroissiens mais paradoxalement une épouse absente, distante et amère. Le mari de cette dame s’appelait Kamga. Cette femme va décéder et arrivée au ciel elle est accueillie par l’apôtre Pierre qu’il l’installe dans la salle d’attente. Alors vint le tour de la dame, enfin elle pourra contempler celui pour qui elle a vécu, l’objet de son désir. Curieusement, lorsque la dame parait devant le Seigneur elle se met à pleurer à chaude larme. Qu’est-ce qui peut bien être à l’origine des larmes de cette dame ? La dame a tout simplement découvert que Dieu avait le visage de son mari Kamga.

Nous sommes enfants de l’« Église » et non pas seulement de l’« église » !

Luc MOUAFO TEGANG

Christus Vivit


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