Messe de la Passion
Première lecture
« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Is 50, 4-7)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples,
pour que je puisse, d’une parole,
soutenir celui qui est épuisé.
Chaque matin, il éveille,
il éveille mon oreille
pour qu’en disciple, j’écoute.
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ;
c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)
R/ Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 21, 2a)
Tous ceux qui me voient me bafouent ;
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure ;
Ils me percent les mains et les pieds,
je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
Deuxième lecture
« Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.
– Parole du Seigneur.
Évangile
Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Lc 22, 14 – 23, 56)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.
Pour nous, le Christ est devenu obéissant,
jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Ph 2, 8-9)
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc
Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants : X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.
L. Quand l’heure fut venue,
Jésus prit place à table,
et les Apôtres avec lui.
Il leur dit :
X « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous
avant de souffrir !
Car je vous le déclare :
jamais plus je ne la mangerai
jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie
dans le royaume de Dieu. »
L. Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce,
il dit :
X « Prenez ceci et partagez entre vous.
Car je vous le déclare :
désormais, jamais plus
je ne boirai du fruit de la vigne
jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
L. Puis, ayant pris du pain et rendu grâce,
il le rompit
et le leur donna, en disant :
X « Ceci est mon corps, donné pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
L. Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant :
X « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang
répandu pour vous.
Et cependant, voici que la main de celui qui me livre
est à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va
selon ce qui a été fixé.
Mais malheureux cet homme-là
par qui il est livré ! »
L. Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres
quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller :
lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit :
X « Les rois des nations
les commandent en maîtres,
et ceux qui exercent le pouvoir sur elles
se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel !
Au contraire, que le plus grand d’entre vous
devienne comme le plus jeune,
et le chef, comme celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand :
celui qui est à table, ou celui qui sert ?
N’est-ce pas celui qui est à table ?
Eh bien moi, je suis au milieu de vous
comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume,
comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table
dans mon Royaume,
et vous siégerez sur des trônes
pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon,
voici que Satan vous a réclamés
pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi,
afin que ta foi ne défaille pas.
Toi donc, quand tu sera revenu,
affermis tes frères. »
L. Pierre lui dit :
D. « Seigneur, avec toi, je suis prêt
à aller en prison et à la mort. »
L. Jésus reprit :
X « Je te le déclare, Pierre :
le coq ne chantera pas aujourd’hui
avant que toi, par trois fois,
tu aies nié me connaître. »
L. Puis il leur dit :
X « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales,
avez-vous donc manqué de quelque chose ? »
L. Ils lui répondirent :
D. « Non, de rien. »
L. Jésus leur dit :
X « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse,
qu’il la prenne,
de même celui qui a un sac ;
et celui qui n’a pas d’épée,
qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare :
il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture :
Il a été compté avec les impies.
De fait, ce qui me concerne
va trouver son accomplissement. »
L. Ils lui dirent :
D. « Seigneur, voici deux épées. »
L. Il leur répondit :
X « Cela suffit. »
L. Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude,
au mont des Oliviers,
et ses disciples le suivirent.
Arrivé en ce lieu, il leur dit :
X « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
L. Puis il s’écarta
à la distance d’un jet de pierre environ.
S’étant mis à genoux,
il priait en disant :
X « Père, si tu le veux,
éloigne de moi cette coupe ;
cependant, que soit faite non pas ma volonté,
mais la tienne. »
L. Alors, du ciel, lui apparut un ange
qui le réconfortait.
Entré en agonie,
Jésus priait avec plus d’insistance,
et sa sueur devint comme des gouttes de sang
qui tombaient sur la terre.
Puis Jésus se releva de sa prière
et rejoignit ses disciples
qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.
Il leur dit :
X « Pourquoi dormez-vous ?
Relevez-vous
et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
L. Il parlait encore,
quand parut une foule de gens.
Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze,
marchait à leur tête.
Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
Jésus lui dit :
X « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
L. Voyant ce qui allait se passer,
ceux qui entouraient Jésus lui dirent :
D. « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? »
L. L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre
et lui trancha l’oreille droite.
Mais Jésus dit :
X « Restez-en là ! »
L. Et, touchant l’oreille de l’homme,
il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter,
grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens :
X « Suis-je donc un bandit,
pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple,
et vous n’avez pas porté la main sur moi.
Mais c’est maintenant votre heure
et le pouvoir des ténèbres. »
L. S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent
et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre.
Pierre suivait à distance.
On avait allumé un feu au milieu de la cour,
et tous étaient assis là.
Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux.
Une jeune servante le vit assis près du feu ;
elle le dévisagea et dit :
A. « Celui-là aussi était avec lui. »
L. Mais il nia :
D. « Non, je ne le connais pas. »
L. Peu après, un autre dit en le voyant :
F. « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. »
L. Pierre répondit :
D. « Non, je ne le suis pas. »
L. Environ une heure plus tard,
un autre insistait avec force :
F. « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui,
et d’ailleurs il est Galiléen. »
L. Pierre répondit :
D. « Je ne sais pas ce que tu veux dire. »
L. Et à l’instant même, comme il parlait encore,
un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant,
posa son regard sur Pierre.
Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite :
« Avant que le coq chante aujourd’hui,
tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et, dehors, pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus
se moquaient de lui et le rouaient de coups.
Ils lui avaient voilé le visage,
et ils l’interrogeaient :
F. « Fais le prophète !
Qui est-ce qui t’a frappé ? »
L. Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.
Lorsqu’il fit jour,
se réunit le collège des anciens du peuple,
grands prêtres et scribes,
et on emmena Jésus devant leur conseil suprême.
Ils lui dirent :
F. « Si tu es le Christ,
dis-le nous. »
L. Il leur répondit :
X « Si je vous le dis,
vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge,
vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme
sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. »
L. Tous lui dirent alors :
F. « Tu es donc le Fils de Dieu ? »
L. Il leur répondit :
X « Vous dites vous-mêmes que je le suis. »
L. Ils dirent alors :
F. « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ?
Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. »
L. L’assemblée tout entière se leva,
et on l’emmena chez Pilate.
On se mit alors à l’accuser :
F. « Nous avons trouvé cet homme
en train de semer le trouble dans notre nation :
il empêche de payer l’impôt à l’empereur,
et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
L. Pilate l’interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
L. Jésus répondit :
X « C’est toi-même qui le dis. »
L. Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules :
A. « Je ne trouve chez cet homme
aucun motif de condamnation. »
L. Mais ils insistaient avec force :
F. « Il soulève le peuple
en enseignant dans toute la Judée ;
après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. »
L. À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode,
il le renvoya devant ce dernier,
qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
À la vue de Jésus,
Hérode éprouva une joie extrême :
en effet, depuis longtemps il désirait le voir
à cause de ce qu’il entendait dire de lui,
et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa bon nombre de questions,
mais Jésus ne lui répondit rien.
Les grands prêtres et les scribes étaient là,
et ils l’accusaient avec véhémence.
Hérode, ainsi que ses soldats,
le traita avec mépris et se moqua de lui :
il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante
et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis,
alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.
Alors Pilate convoqua
les grands prêtres, les chefs et le peuple.
Il leur dit :
A. « Vous m’avez amené cet homme
en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple.
Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous
et, parmi les faits dont vous l’accusez,
je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus,
puisqu’il nous l’a renvoyé.
En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le relâcher
après lui avoir fait donner une correction. »
L. Ils se mirent à crier tous ensemble :
F. « Mort à cet homme !
Relâche-nous Barabbas. »
L. Ce Barabbas avait été jeté en prison
pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus,
leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils vociféraient :
F. « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
L. Pour la troisième fois, il leur dit :
A. « Quel mal a donc fait cet homme ?
Je n’ai trouvé en lui
aucun motif de condamnation à mort.
Je vais donc le relâcher
après lui avoir fait donner une correction. »
L. Mais ils insistaient à grands cris,
réclamant qu’il soit crucifié ;
et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur requête.
Il relâcha celui qu’ils réclamaient,
le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre,
et il livra Jésus à leur bon plaisir.
L. Comme ils l’emmenaient,
ils prirent un certain Simon de Cyrène,
qui revenait des champs,
et ils le chargèrent de la croix
pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait,
ainsi que des femmes
qui se frappaient la poitrine
et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit :
X « Filles de Jérusalem,
ne pleurez pas sur moi !
Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira :
‘Heureuses les femmes stériles,
celles qui n’ont pas enfanté,
celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes :
‘Tombez sur nous’,
et aux collines :
‘Cachez-nous.’
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert,
que deviendra l’arbre sec ? »
L. Ils emmenaient aussi avec Jésus
deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire),
là ils crucifièrent Jésus,
avec les deux malfaiteurs,
l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait :
X « Père, pardonne-leur :
ils ne savent pas ce qu’ils font. »
L. Puis, ils partagèrent ses vêtements
et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à observer.
Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient :
F. « Il en a sauvé d’autres :
qu’il se sauve lui-même,
s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
L. Les soldats aussi se moquaient de lui ;
s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant :
F. « Si tu es le roi des Juifs,
sauve-toi toi-même ! »
L. Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui :
« Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait :
A. « N’es-tu pas le Christ ?
Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
L. Mais l’autre lui fit de vifs reproches :
A. « Tu ne crains donc pas Dieu !
Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste :
après ce que nous avons fait,
nous avons ce que nous méritons.
Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
L. Et il disait :
A. « Jésus, souviens-toi de moi
quand tu viendras dans ton Royaume. »
L. Jésus lui déclara :
X « Amen, je te le dis :
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
L. C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ;
l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
car le soleil s’était caché.
Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri :
X « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »
L. Et après avoir dit cela, il expira.
Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)
À la vue de ce qui s’était passé,
le centurion rendit gloire à Dieu :
A. « Celui-ci était réellement un homme juste. »
L. Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle,
observant ce qui se passait,
s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis,
ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée,
se tenaient plus loin pour regarder.
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ;
c’était un homme bon et juste,
qui n’avait donné son accord
ni à leur délibération, ni à leurs actes.
Il était d’Arimathie, ville de Judée,
et il attendait le règne de Dieu.
Il alla trouver Pilate
et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix,
l’enveloppa dans un linceul
et le mit dans un tombeau taillé dans le roc,
où personne encore n’avait été déposé.
C’était le jour de la Préparation de la fête,
et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée
suivirent Joseph.
Elles regardèrent le tombeau
pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent
et préparèrent aromates et parfums.
Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie
Nous célébrons en ce jour le dimanche des rameaux et de la passion. C’est la fête qui marque la fin du carême et introduit dans la grande semaine appelée semaine sainte. Laquelle semaine conduit à la fête de Pâques. Cette célébration revêt une double dimension : elle donne à vivre à la fois la gloire et l’abaissement du CHRIST, C’est une belle occasion pour méditer sur la vie de Jésus serviteur de Dieu et particulièrement sur certains éléments relatifs à sa passion.
Que pouvons-nous retenir de la liturgie de ce jour et de la richesse de ses textes ? Nous retenons trois choses : la première, que signifie « dimanche des rameaux et de la passion ? », ensuite la deuxième, tenir bon dans sa mission malgré les épreuves et enfin la troisième, demeurer dans la confiance en Dieu.
- Que peut bien signifier Dimanche des rameaux et de la Passion ?
Nous avons d’une part la dimension joyeuse (la célébration des rameaux) et d’autre part celle qui est douloureuse (la célébration de la passion). La face joyeuse se traduit par la procession des rameaux qui annonce déjà celle douloureuse, même s’il est vrai que la douloureuse préfigure déjà la promesse de la résurrection. Aujourd’hui, Jésus avance sur des branches de palmier, demain, il marchera vers le Golgotha, chargé de sa croix ; aujourd’hui, on lui jette des branches pour bénir, demain, on lui jettera des pierres ; aujourd’hui, il est acclamé par les foules, demain il sera condamné par ces mêmes foules ; aujourd’hui, on crie : « Hosanna au fils de David ! », demain on criera : « A mort ! Crucifie-le ! ». Aujourd’hui, le Christ est monté sur un ânon, demain, il sera élevé sur la croix ; aujourd’hui, il est acclamé comme un roi, demain, il sera couronné d’épines, et crucifié pour s’être proclamé roi des juifs. C’est cette double réalité que révèle l’intitulé de ce dimanche pour le disciple du Christ que nous sommes.
La vie du chrétien est faite de joie et de peine à l’image de celle de son Maître. Il ne manque pas dans la vie humaine des acclamations et des persécutions parfois au même moment. Très souvent des éloges, on passe à l’humiliation. C’est la réalité du monde et à l’origine de cela, la duplicité de l’homme. Si Jésus, notre Maître et Seigneur, lui le bois vert a été victime, à plus forte raison son disciple, le bois sec. Il n’est pas au-dessus de lui. Ce que vit le maître est une leçon pour le disciple afin qu’il ne se décourage pas. Jésus veut ici nous rappeler qu’il ne faut pas se laisser aveugler pas des éloges, des acclamations et les applaudissements de nos contemporains parce qu’ils ne sont pas toujours vrais et sincères. Notre motivation à la mission et même à la vie ne doit pas se fonder sur des paroles d’homme mais dans l’assurance de se savoir être avec Dieu et de cheminer avec lui. Nous sommes invités frères et sœurs à être édifié à cette école de Jésus pour garder la sérénité. Sinon on risquerait de tout abandonner. Et de fait, est-ce qu’il faut même perdre le contrôle ou baisser les bras à cause de la persécution ou mieux de la passion, pour rester dans le titre de ce dimanche ? La réponse de Jésus est Non !
- Tenir bon dans la mission malgré les épreuves
La passion entendu croix, souffrance, peine ou vivre le martyr est une réalité de la vie. Aucune vie n’y échappe peut-être pas au même degré. Ces réalités peuvent seulement être moins lourdes à des moments que d’autres. D’après les évangiles, la passion du Christ est l’étape ultime et la plus horrible de tant d’épreuves et de difficultés qui ont jonchées sa vie missionnaire. C’est important de noter qu’il s’agit bel et bien d’une souffrance injuste pour la mort d’un innocent. Qu’a-t-il même fait pour mériter cela ? Durant trois ans, Il a annoncé la bonne nouvelle aux pauvres, rendre la vue aux aveugles, guérir les malades, libérer les captifs, nourrissant les foules… Jésus est aimé, il est écouté et il est adulé. Ses problèmes commencent là. Les régents du monde de son temps sentaient leur autorité menacée vue sa réputation grandissante et son autorité indiscutable à cause du bien qu’il faisait. Sans tarder, ils l’ont pris pour cible à abattre. Les pièges vont se multiplier à son endroit pour espérer un motif d’accusation ceci jusqu’à son arrestation, son procès et sa crucifixion. C’est à sa mort que beaucoup diront « cet homme était vraiment le Fils de Dieu. » Sa mission menée dans toute l’humilité et la simplicité comme dit saint Paul aux Philippiens, « …lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé d’être traité à l’égal de Dieu mais… il s’est dépouillé… prenant la condition de serviteur… » a davantage déconcerté ceux qui attendaient un messie à la manière du monde. La nouveauté de ses enseignements et le privilège accordé à la vie et à la dignité humaine au-delà de toute loi ont contribué a augmenté le panier de ses accusations. Cependant, il a tenu jusqu’au bout de sa mission.
Frères et sœurs, aucune vie n’échappe à la souffrance, à la méchanceté et à la violence des hommes. Très souvent, c’est même innocemment comme le cas de Jésus qu’on meurt. Les épreuves et les difficultés de la vie à l’image de celle de Jésus ne sont pas une malédiction. Mais plutôt, à comprendre comme une occasion d’édification et d’entrainement aux combats spirituels. Il est important de les intégrer et non de les prendre comme une chose extérieure. Porter sa croix fait bien partir des conditions pour suivre Jésus en plus de renoncer à soi et de vivre les béatitudes. Les plaintes et les larmes tout le temps ne font pas avancer. Il faut tenir bon et savoir que les épreuves ne sont que pour un temps. Elles ne sont jamais éternelles. Après le vendredi saint, c’est le dimanche de Pâques. Espérance à ne pas perdre. Nous n’avons pas à cesser de faire le bien à cause du mal et de l’ingratitude des hommes. Il faut demeurer bon et bien jusqu’au bout. Cela ne compte pas seulement pour les hommes, c’est d’abord au nom de Dieu et pour notre salut. Que faire pour tenir bon dans le bien malgré les persécutions ?
- Demeurer dans la confiance en DIEU
Isaïe dans la première lecture nous fait ses confidences. Il décrit sa vie qui ressemble à toute vie de prophètes : se laisser instruire par Dieu, transmettre son message et sans le vouloir être persécuté. Ce serviteur de Dieu savait trouver force en Dieu lui-même et en sa parole. Il a tenu bon dans son métier de prophète parce qu’il a su mettre sa confiance en Dieu. C’est d’ailleurs ce que faisait Jésus. Rechercher toujours la volonté de son Père et en faire sa nourriture était la raison d’être de sa vie. Plusieurs fois, il se retirait pour prier, pour être en communion avec son Père et s’en remettre à lui comme sur la croix : « Père entre tes mains, je remets mon esprit. »
Voilà en quoi le serviteur de Dieu, disciple du Christ que nous sommes doit trouver la force pour tenir : Faire confiance à Dieu et se nourrir de sa parole. Se laisser instruire par la parole de Dieu veut tout simplement dire vivre dans sa confiance. Sans elle, nous ne saurons tenir dans la mission et même dans la vie. Dieu nous fait confiance en nous confiant la mission et en retour, il faut s’abandonner à lui quoi qu’il arrive. C’est grâce à cet abandon total à Lui que nos cris de détresse trouvent un écho favorable. S’en remettant à Lui pour tout, Il ne laissera pas les outrages nous atteindre et saura tenir notre main au moment des persécutions.
Frères et sœurs, suivons l’exemple du prophète Isaïe et de notre Maître et Seigneur Jésus, mettons notre confiance en Dieu et en sa parole pour trouver des forces nécessaires qui nous aiderons à tenir jusqu’au bout dans la vie et dans la mission confiée par Dieu. Que la passion du Christ nous édifie et nous encourage à ne pas fuir face aux difficultés mais de porter nos croix du quotidien avec foi jusqu’à la fin de nos jours sur terre. Amen !
Abbé Gilbert Janvier MONTSE, Diocèse de Bafoussam (Cameroun