Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu(Mt12,14-21)
En ce temps-là,
une fois sortis de la synagogue,
les pharisiens se réunirent en conseil contre Jésus
pour voir comment le faire périr.
Jésus, l’ayant appris, se retira de là ;
beaucoup de gens le suivirent, et il les guérit tous.
Mais il leur défendit vivement
de parler de lui.
Ainsi devait s’accomplir
la parole prononcée par le prophète Isaïe :
Voici mon serviteur que j’ai choisi,
mon bien-aimé en qui je trouve mon bonheur.
Je ferai reposer sur lui mon Esprit,
aux nations il fera connaître le jugement.
Il ne cherchera pas querelle, il ne criera pas,
on n’entendra pas sa voix sur les places publiques.
Il n’écrasera pas le roseau froissé,
il n’éteindra pas la mèche qui faiblit,
jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.
Les nations mettront en son nom leur espérance.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Méditation
Lorsque le moment fut arrivé où il allait accomplir le sacrifice ultime de la croix, Jésus ne se cacha plus. A ceux qui venaient se saisir de lui dans le jardin de Gethsémani avec des lances et des gourdins, il dit : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté » (Mt 26, 55).
En effet, ces paroles de Jésus trouvent tout leur sens dans la péricope évangéliaire de ce jour. Les raisons de l’inaction des chefs des prêtres, des anciens et de la foule peuvent avoir une double explication : la première est qu’ils craignaient une émeute, car une partie de la foule tenait réellement Jésus pour un prophète (cf. Mt 21, 46 ; Mc 12, 12).
La deuxième raison est celle que le texte de ce jour nous expose : Lorsqu’à certain moment Jésus les avait vraiment exaspérés et qu’ils n’arrivaient plus à contrôler leur colère, le même Jésus, le remarquant, s’éloignait de leur regard, afin qu’ils ne précipitassent pas le déroulement des événements. C’est dans une situation similaire que, ayant été au courant du complot des pharisiens contre lui, il décide de s’éloigner pour un temps et de ne plus faire parler de lui. Cependant, sa mission ne doit pas s’arrêter.
« Beaucoup de gens le suivirent, et il les guérit tous. Mais il leur défendit vivement de parler de lui » (Mt 12, 15). Face au désir de le supprimer qu’entretiennent quotidiennement les pharisiens, Jésus oppose sa constante immersion dans l’assouvissement des besoins des gens qui le suivent. Il ne peut pas encore se laisser éliminer parce que la foule et ses proches collaborateurs ont encore besoin de lui. Ils ne sont pas encore assez nourris et aguerris pour comprendre et accepter la tragédie des événements qui doivent nécessairement arriver. Matthieu cite expressément le passage d’Isaïe 42, 1-4 pour décrire en Jésus la figure du serviteur souffrant de Dieu, chargé d’annoncer la justice, de défendre chacune des plus petites valeurs humaines et recueillir en lui les espérances de tous.
Bien-aimés, l’enseignement qui nous est transmis aujourd’hui à travers ce texte de l’évangile est on ne peut plus significatif pour nous qui vivons dans une société où l’injustice grandit chaque jour sous le silence de tous. Il nous semble opportun ici de relever ces propos d’Albert Einstein : « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Se taire devant l’injustice, la corruption et l’instrumentalisation de l’homme dans tous les sens est plus criminel encore que ces fléaux-mêmes.
Jésus ne s’est pas tu devant l’injustice de la société de son temps. Il s’est livré dans un combat sérieux, mais toujours dans un esprit pacifique, contre ceux qui l’institutionnalisaient. Il se s’agit donc pas de se livrer ouvertement au martyre (ce qui avoisinerait le suicide), mais de défendre avec sagesse les droits des pauvres et des marginalisés. Ne l’oubliez jamais : vous êtes plus utiles vivants que morts à ceux dont vous défendez la cause. Que l’Esprit soit toujours notre premier défenseur en retour. Amen.
Les intimidateurs de Jésus ne parviennent pas à le décourager de faire le bien. Il change de stratégie, entre sous mode discrétion, mais n’arrête pas l’œuvre de ses mains, l’œuvre de son Père, il ne cesse de prendre soin de ceux qui ont besoins de lui, il les guérit tous. Et nous, quand nous sommes ainsi intimidés par les pourfendeurs du bien, que faisons-nous, capitulons-nous pour rejoindre le camp du mal ou de l’indifférence, ou alors persévérons nous, comme le Christ, et avec Lui, dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu, qui est don gratuit de soi pour la gloire de Dieu et le salut du monde?
Prions
Seigneur Dieu de l’univers, ton Fils nous a appris à travailler d’arrache-pied pour remettre l’homme debout. Regarde le travail que nous avons à faire dans ce sens et soutiens nos efforts pour que nous sachions affronter avec courage tous les obstacles que nous rencontrons. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Intercession
Pour ceux qui sont persécutés pour la justice, pour ceux qui défendent les droits des plus petits et travaillent afin que la dignité de l’homme soit toujours et partout préservée, nous te prions Seigneur de les soutenir dans cette mission, afin qu’ils ne se découragent pas devant les réticences de leur société.
Marie, refuge très sûre, sois une source de courage pour ceux qui travaillent pour la justice et la paix dans le monde.
Exercice spirituel
Nous connaissons certainement des cas d’injustice autour de nous ! Nous connaissons au moins une personne qui souffre à cause d’un système social phagocytaire ! Peut-être même que nous sommes cette personne ! Aujourd’hui, devenons consolateur des affligés et défenseurs des pauvres, comme le Maître. Si vous ne pouvons pas agir extérieurement, trouvez un temps pour prier pour nous-même et pour ceux qui exercent cette lourde charge. Courage !
D. Fopa, séminariste-étudiant en théologie