Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt7, 1-5)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Ne jugez pas,
pour ne pas être jugés ;
    de la manière dont vous jugez,
vous serez jugés ;
de la mesure dont vous mesurez,
on vous mesurera.
    Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ;
et la poutre qui est dans ton œil,
tu ne la remarques pas ?
    Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère :
“Laisse-moi enlever la paille de ton œil”,
alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
    Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Méditation

Bien aimés dans la foi, bon début de semaine et que le Seigneur soit avec vous. Nous poursuivons la méditation du sermon sur la montagne, que l’on appelle également à juste titre, la charte du disciple. C’est le grand discours tenu par le Christ à ses disciples réunis autour de lui sur la montagne, c’est la grande formation des disciples par le maître. Aujourd’hui le thème qui ressort du fragment que la liturgie nous propose est le jugement. Qui peut juger avec justice ? L’homme ou Dieu ?

Le jugement est le fait d’examiner l’acte ou l’action de l’autre à la lumière du binôme bien et mal, en vue d’une condamnation. Le jugement n’est pas très différent de la condamnation. C’est une entreprise délicate mais que les hommes aiment bien mener. Le jugement dont parle Jésus ne concerne pas surtout ce qui se fait dans les palais et les grandes instances de justice de nos pays, c’est plutôt une attitude ou mieux une mauvaise attitude de nos cœurs. C’est le fait de toujours voir la faute en l’autre avant de la voir en nous-même, c’est le fait de toujours se disculper soi-même et d’inculper les autres. Je n’ai jamais rien fait de mal, c’est toujours l’autre qui fait mal, qui me fait du tort.

Le Christ nous demande aujourd’hui, d’abandonner cette attitude orgueilleuse qui bloque notre conversion personnelle. Lorsque j’ai la mauvaise habitude de juger les autres, le malheur est qu’il me devient difficile de voir mes imperfections pour les travailler, les changer, les améliorer. Et arrêter de travailler sur mes imperfections c’est, en fait, mettre un point final à mon processus de conversion, et signer mon arrêt de damnation.

C’est une attitude dangereuse ! Ceci d’autant plus qu’il nous est même difficile de juger avec efficacité. Nous sommes finis, imparfaits, limités et pour cela, la vérité nous échappe dans la plupart des cas. Seul Dieu qui est maître du temps et de l’histoire peut réellement savoir si l’acte posé par l’autre est une faute ou non, est condamnable ou non. Généralement Dieu relaxe la plupart de ceux que nous jugeons et condamnons, même les adultères prises en flagrant délit. « Personne ne t’a condamner ? personne Seigneur, je ne te condamne pas non plus, vas, et désormais, ne pèche plus » (Jn8, 1-11), dis Jésus à la femme adultère. Le jugement est la tâche de Dieu et la conversion personnelle la nôtre, descendons du fauteuil de Dieu et travaillons à notre propre sanctification. Il y a du boulot en nous !

Alors examinons notre vie. La première chose à faire est d’identifier ceux que nous avons jugés et même condamnés. Libérons-les. Libère ce père ou cette mère irresponsable qui t’a abandonnés et à qui nous n’arrivons pas à pardonner. Libérons-les, sais-tu pourquoi il ou elle t’a abandonné ? Ce n’est pas si sûr, mais Dieu le sait. Libère cet amant, cette fiancé(e), cet ami(e) qui t’a trahi, abusé. Sais-tu pourquoi il l’a fait ? Pas sûr, mais Dieu le sait et Il comprend. Libère, Libère tous les prisonniers de ton cœurs.

La seconde chose à faire est de nous attaquer à nos propres vices. Juger les autres est finalement un prétexte de fuite, nous ne voulons pas nous rencontrer nous-mêmes tels que nous sommes. Regarde ta vie, elle est truffée d’imperfection, alors occupe-toi en, le jugement que tu fais aux autres t’occupe et te fait perdre énormément du temps, retourne dans ton cœur et travaille y, ne fais plus de diversion, de fuite. Dieu t’attend au fond de ton cœur pour t’aider à triompher de tes vices et pour te sanctifier.

Prions

Seigneur je suis un pécheur, mais qui oublie très souvent de le reconnaître; J’ai la mauvaise attitude que tu réprimes aujourd’hui par ta parole, vouloir voir le mal en l’autre et refuser de le voir en moi. Être dur avec les autres et être souple avec moi-même. Pardon Seigneur, je veux me convertir, je veux m’occuper de mes propres vices, ils me submergent! aide-moi Seigneur, donne-moi le courage de me regarder et d’affronter mes imperfections. Convertis-moi, transforme-moi, sanctifie-moi.

Intercession

Nous te prions sincèrement pour toutes les personnes qui jugent et condamnent les autres. Donne-leur le courage de les libérer et de leur pardonner. Mais surtout donne leur l’humilité suffisante pour reconnaître leurs propres imperfections.

Exercice spirituel

Y a -t-il quelqu’un que nous jugeons et condamnons actuellement, demandons la grâce  à Dieu de lui pardonner et de faire la paix avec lui. Identifions un vice dans notre vie personnelle et résolvons-nous de le combattre dès aujourd’hui, particulièrement le vice qui consiste à juger et à condamner les autres.

André Kamta Sabang

Christus Vivit