Homélie du 1er Dimanche de Carême 2021, Année B

Homélie du 1er Dimanche de Carême 2021, Année B
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Lectures de la messe

Première lecture

Lecture du livre de la Genèse (Gn 9, 8-15)

Dieu dit à Noé et à ses fils :
« Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous,
avec votre descendance après vous,
et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous :
les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre,
tout ce qui est sorti de l’arche.
Oui, j’établis mon alliance avec vous :
aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge,
il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. »
Dieu dit encore :
« Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous,
et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous,
pour les générations à jamais :
je mets mon arc au milieu des nuages,
pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre.
Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre,
et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages,
je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous,
et tous les êtres vivants :
les eaux ne se changeront plus en déluge
pour détruire tout être de chair. »

– Parole du Seigneur.

Psaume (24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Deuxième lecture

 Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre (1 P 3, 18-22)

Bien-aimés,
le Christ, lui aussi,
a souffert pour les péchés,
une seule fois,
lui, le juste, pour les injustes,
afin de vous introduire devant Dieu ;
il a été mis à mort dans la chair,
mais vivifié dans l’Esprit.
C’est en lui qu’il est parti proclamer son message
aux esprits qui étaient en captivité.
Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir,
au temps où se prolongeait la patience de Dieu,
quand Noé construisit l’arche,
dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes,
furent sauvées à travers l’eau.
C’était une figure du baptême
qui vous sauve maintenant :
le baptême ne purifie pas de souillures extérieures,
mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite
et il sauve par la résurrection de Jésus Christ,
lui qui est à la droite de Dieu,
après s’en être allé au ciel,
lui à qui sont soumis les anges,
ainsi que les Souverainetés et les Puissances.

– Parole du Seigneur.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 12-15)

Jésus venait d’être baptisé.
Aussitôt l’Esprit le pousse au désert
et, dans le désert,
il resta quarante jours,
tenté par Satan.
Il vivait parmi les bêtes sauvages,
et les anges le servaient.

Après l’arrestation de Jean,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous
et croyez à l’Évangile. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie

Frères et sœurs bienaimés, loué soit Jésus-Christ.

            Nous célébrons en ce jour le premier dimanche de Carême, année liturgique B. Avec le mercredi des cendres s’ouvre le temps d’entrainement au combat spirituel qu’est le carême. Il est important de noter qu’il s’agit d’un entrainement qui va au-delà de ce temps pour s’irradier dans l’entièreté de notre existence terrestre. Notre Maître et Seigneur qui est Jésus-Christ est le premier à servir la leçon de l’entrainement et à nous inviter à suivre son exemple. Ce qu’il nous recommande aujourd’hui est capital : résister à la tentation et la vaincre en prenant exemple sur sa propre expérience.

            En effet, à peine baptisé, l’Esprit pousse Jésus « au désert, et dans le désert, il y resta quarante jours, tenté par satan ». Sauf que l’Évangile de Marc qui nous rapporte cette scène ne nous précise pas de quelles tentations il s’agit. Au moins, le lieu est connu, tout se déroule au désert. Cela dit, la première chose à savoir si l’on veut résister à la tentation du malin, c’est d’identifier le lieu du combat. Où se situe mon désert ? Où suis-je tenté ? Identifier le désert de notre vie constitue une étape essentielle vers la prise de l’information sur l’objet de nos tentations.

  Frères et sœurs, avez-vous déjà remarqué qu’après avoir reçu un ou plusieurs sacrements, on a souvent comme impression que les tentations et même les épreuves se multiplient ? C’est ce qui est arrivé à Jésus. Il n’y a pas échappé. Et ce n’est pas nous qui allons en être épargnés. Sauf que lui, au terme de tout le périple, affiche un taux de réussite de 100 % en matière de résistance aux pièges du malin. Cette victoire qui préfigure également la victoire finale de Dieu sur les forces du mal. Mais nous, avons-nous seulement essayé de déjouer les pièges du démon ? Avons-nous essayé d’y résister ? Ou bien, avons-nous fièrement ou honteusement déclaré à qui veut nous entendre : « c’est mon mignon péché » ? Mais pour autant, Dieu a-t-il abandonné son peuple ? Non ! Dans le but de nous racheter, Dieu renouvelle sans cesse sa miséricorde, perfection de son amour.

            La première lecture tirée du livre de la Genèse nous présente Dieu en train de sceller une alliance avec Noé et sa descendance : « voici que j’établis avec vous mon alliance ». Or quand il le fait, son vœu le plus fort est de voir le peuple lui être fidèle. Et c’est là tout le problème de l’espèce humaine. Lorsque s’annoncent les épreuves, très vite elle est portée à se détourner des règles établies. C’est une tentation fréquente à laquelle nous succombons très souvent. C’est d’ailleurs en cause de l’infidélité et de l’endurcissement du cœur de l’Homme que le déluge a frappé. Il s’est laissé détourner de l’Alliance.

Aujourd’hui, Dieu scelle à nouveau avec la mention spéciale « il n’y aura plus de déluge » et dans l’espoir que nous tiendrons notre part du contrat. Toute la bataille du peuple va consister à être fidèle au Seigneur ou à résister à la tentation de se détourner de Dieu. Ce combat est aussi le nôtre car, par notre baptême, dit saint Paul dans la 2e lecture, nous nous sommes engagés envers Dieu avec « une conscience droite ». D’où la nécessité d’identifier les lieux de tentation et les possibles tentations. 

Disons ici que le désert ne se comprend pas seulement comme un lieu hostile à la vie mais aussi comme tout espace ou élément sujette à nous inciter à commettre le mal. C’est de là que surviennent les tentations. Alors, quels sont les déserts de notre vie ou les lieux de nos tentations ? Il est important ici de noter que le désert pris au sens de lieu de tentation, peut être notre bureau, une commission, notre profession, notre école, nos réussites, notre association, le marché, une relation, des personnes…

Le désert peut aussi désigner cet espace dans lequel quelque chose ou même quelqu’un provoque en nous l’inclination à commettre le mal, à vouloir nous détourner du bon chemin, de la bonne cause, de notre mission, ou encore à faillir au respect d’une clause. Frères et sœurs, prenons le temps d’identifier nos déserts et les tentations afférentes afin de savoir de quelle armure nous devons disposer pour vaincre le combat sans lâcher prise. Surtout que le désert n’est pas seulement l’affaire d’un temps ou d’un moment. Il peut durer toute la vie.

A ce sujet, Saint Marc nous fait remarquer que « dans le désert, Jésus resta quarante jours, tenté par satan ». Voilà connu le temps du désert de notre maitre. Remarquons aussi que Jésus ne l’a pas fui, ni ne l’a évité. Il y est resté jusqu’à son terme sans céder à une envie autre que celle de plaire à son Père. Fidèle à lui-même, il a tenu ferme jusqu’au bout. N’est-ce pas une leçon de résilience ou d’endurance pour nous qui aimons très souvent abandonner à la moindre difficulté ou proposition à ce qui satisfait notre égo ? Jésus veut nous faire savoir que l’important n’est ni de fuir, ni de se décourager ou, pire encore, de céder à la faiblesse ; il nous indique le chemin de la victoire : identifier nos déserts et de lutter contre les tentations qui en découlent. Lui-même a procédé de la sorte, il les a affrontés avec bravoure. Notre maitre et sauveur veut nous faire savoir qu’aucune vie n’échappe à l’expérience du désert, ni à la tentation.

Essayer de ne pas les affronter constitue une attitude démissionnaire qui laisse au malin le loisir de conduire notre vie et de la manipuler à sa guise. Face à l’angoisse de la passion, Jésus pouvait décider autrement. C’était une tentation forte. Mais il est resté fidèle à sa mission malgré le grand combat intérieur qui le tourmentait jusqu’aux larmes de sang. Pour aucun motif Jésus n’a reculé. Il est allé jusqu’au bout de sa mission. Pourquoi pas nous ? L’évangile nous sonne le glas de sa victoire finale : « Les temps sont accomplis… convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Voilà donc dressé le chemin vers pâques en trois étapes : identifier le désert, demeurer fidèle aux préceptes du maitre, vaincre le malin.

Frères et sœurs, est-ce ce que nous vivons en tant que disciple du Christ dans nos familles, dans nos sociétés, dans nos paroisses et groupes, dans nos charges ? Quelle est notre marque réelle dans tout ce que nous faisons? Pourquoi désertons- nous toujours à la moindre difficulté, pourquoi le niveau de notre engagement baisse-t-il autant au moindre malentendu ? Voici venu le temps favorable : entrainons nous au combat, travaillons à accomplir notre cahier de charges, à bien assumer notre responsabilité malgré les tentations et obstacles du chemin. Jusqu’où Jésus peut-il compter sur nous pour instaurer son règne dans le monde ?

Pour terminer, sachons-le, la tentation n’est pas un péché. Le péché c’est dire « oui » à la tentation. Satan peut nous tenter mais ce n’est pas lui qui commet le péché, c’est bien nous qui prenons la décision, soit de lui résister, soit de succomber. Ce fut d’ailleurs le cas pour Jésus. Être au désert et vivre la tentation ne signifie pas qu’on est abandonné de Dieu et que tout est perdu. Nous ne sommes pas seuls. Les anges de Dieu sont là pour nous servir. Combien parmi nous savent-ils encore réciter la prière à l’ange gardien ? Faisons simplement confiance à Dieu, donnons le meilleur de nous-même car notre volonté est en jeu, et Dieu s’occupera du reste.

Que le Seigneur nous accorde le discernement nécessaire, la grâce et la force pour identifier les déserts de nos vies afin de résister et vaincre comme lui les tentations qui en découlent.

Abbé Gilbert Janvier MONTSE


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