Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus se mit de nouveau à parler
aux grands prêtres et aux anciens du peuple,
et il leur dit en paraboles :
« Le royaume des Cieux est comparable
à un roi qui célébra les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités,
mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités :
“Voilà : j’ai préparé mon banquet,
mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ;
tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent,
l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs,
les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère,
il envoya ses troupes,
fit périr les meurtriers
et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs :
“Le repas de noce est prêt,
mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins :
tous ceux que vous trouverez,
invitez-les à la noce.”
Les serviteurs allèrent sur les chemins,
rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent,
les mauvais comme les bons,
et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives,
et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
Il lui dit :
“Mon ami, comment es-tu entré ici,
sans avoir le vêtement de noce ?”
L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs :
“Jetez-le, pieds et poings liés,
dans les ténèbres du dehors ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Car beaucoup sont appelés,
mais peu sont élus. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Méditation
« Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » (Mt 22, 9). La parabole des invités aux noces nous enseigne que Dieu est toujours le premier à envoyer l’invitation et que la réponse des hommes peut varier selon qu’ils sont plus ou moins immergés dans les choses terrestres. Refuser l’invitation signifie ne pas se rendre compte des véritables enjeux de la rencontre avec Dieu. En tout cas, la grâce de Dieu oblige, et nous sommes toujours exposés à son regard exigeant.
En effet, Dieu nous devance toujours dans nos démarches. Il veut nous accompagner sur tous nos chemins. Il nous propose sans cesse sa grâce et son soutien pour nous sauver du monde et de nous-mêmes. Malheureusement, lorsque son invitation touche nos intérêts personnels et égoïstes, nous la déclinons très vite, trouvant toutes sortes de raisons. Toutefois, il y a une nette différence entre celui qui a reçu l’invitation et la rejette et celui qui ne l’a pas reçu. Le premier, même s’il se retrouve à l’intérieur par accident, sera jeté dehors, car le hasard ne mène pas au salut. Nous avons toujours le choix devant la proposition de salut que Dieu nous fait. Et une fois décidé, nous devons assumer notre choix.
Bien-aimés, il faut le dire très clairement : L’évangile de ce jour s’adresse de façon particulière aux chrétiens baptisés. Les premiers invités qui déclinent l’invitation, ce sont tous ceux qui ont reçu le baptême et qui, bien après, bafouent et piétinent les engagements qu’ils ont solennellement pris devant Dieu et la communauté chrétienne. Plongés « dans » et rongés par les soucis du temps présent, certains en arrivent même à se renier, à renier leur identité pour quelque avantage mondain qui le leur exige. Jésus est pourtant clair à ce sujet : « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux » (Mt 10, 32-33).
Nous ne sommes pas sans savoir qu’on ne peut mentir qu’aux autres et quelquefois à soi-même, mais jamais à Dieu. Le Seigneur sait les raisons pour lesquelles nous faisons ceci ou cela. Il ne se lasse jamais de nous inviter à revenir vers lui de tout cœur pour participer à son banquet. Mais la conversion doit se faire, et elle n’est possible que lorsque nous sommes encore vivants. Les morts ne louent pas le Seigneur ; du séjour des morts (aux enfers), aucune prière ne monte vers le Père, c’est le pays de l’oubli où la miséricorde et la justice de Dieu n’ont plus d’effet, car chacun dès ici-bas a déjà scellé son sort (cf. Ps 87, 6. 13).
C’est proprement ce qui arrive à l’individu qui se retrouve à la fin de l’évangile dans la salle des noces sans l’habit de noces. Il est jeté dehors car, de son vivant, il a choisi pour destination le dehors plutôt que le dedans. Aussi pouvons-nous conclure une fois de plus par la finale de l’évangile d’hier : « les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers » (Mt 20, 16). Et au pire, ils ne seront même pas reçus.
Prions
Dieu éternel et tout puissant, toi que nous appelons affectueusement « notre Père », rends-nos cœurs sensibles aux appels de ton Esprit. Qu’en fournissant des efforts d’y répondre favorablement, nous garantissions notre place au banquet céleste où nous célébrerons la vie avec Jésus-Christ, notre Seigneur. Lui qui règne, pour les siècles des siècles. Amen.
Intercession
Pour tous ceux qui jouent le double jeu ; pour ceux qui ne savent plus où se situer, tiraillés entre les exigences de la vie chrétienne et les soucis de ce monde. Nous te prions, Seigneur, de leur accorder l’esprit de discernement, qu’ils identifient clairement ce qu’il y a lieu de faire et qu’ils aient la force de l’accomplir. Seigneur, écoute-nous.
Marie, modèle du choix inconditionnel à la suite du Seigneur, prie pour nous.
Exercice spirituel
Aujourd’hui, nous allons faire un exercice spirituel très simple, mais qui nécessite du courage. Il s’agit de prendre un temps de réflexion au cours de la journée pour relever tous les alibis et les excuses que nous créons souvent pour ne pas honorer notre rendez-vous avec Dieu. En nous servant de l’évangile de ce jour, dépêchons-nous de nous raviser pendant qu’il est encore temps. Courage !